LES ROCHERS DE TILFF- HISTORIQUE
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Sainte-Anne
HISTORIQUE
C'est
suite aux activités d'une carrière qu'une partie des flancs de la "Montagne" Sainte-Anne fut arrachée.
Les
travaux engendrèrent la dalle que nous connaissons actuellement et en mars
1837, après un tir de mine, des ouvriers carriers mirent à jour l'entrée de la
Grotte de Tilff et/ou de Sainte- Anne.
L'annonce de la découverte attire les curieux.
Parmi ceux-ci une équipe de trois hommes
composé du baron Beeckman, de Th. Weustenraad et de Ch. Grangagnage, les
premiers à s'enfoncer dans les entrailles de Sainte-Anne.
Ces hommes feront partie des précurseurs d'une
discipline qui deviendra plus tard la spéléologie.
Peu après la découverte, la carrière cessera
heureusement les travaux et le site modifié reprendra peu à peu un aspect
naturel.
En 1962, Etienne Lemaire
du GAS découvrira le réseau supérieur de la grotte.
"Les Alpes Tilffoises"
1915, c'est la première guerre
mondiale ; les Allemands sont chez nous. Cette année là, la famille Mallieux
quitte Liège pour venir s’installer à Tilff, région plus paisible à cette
époque troublée.
Le
fait serait tout à fait banal, si ce n’est que cette famille avait deux garçons
: André et René, ce dernier deviendra un des pionniers de l’escalade
liégeoise.
Habitant non loin des rochers, René et André vont souvent jouer à St
Anne, munis de bougies et de boites d’allumettes, ils font quelques incursions
dans la grotte, mais jamais très loin précise René.
Ce
qui intéresse surtout les frères Mallieux, se sont les rochers situés à gauche
de la grande dalle, un terrain de choix qu’ils gravissent à moult reprises, non
sans se faire enguirlander par les passants surpris par l’audace de ces
effrontés.
Leur
plus grand « exploit » est d’avoir poursuivi l’escalade en louvoyant entre les
parties les plus raides (solo) et rejoindre, fiers comme Artaban, le château de
Brialmont et son verger orienté plein sud, afin de s’adonner à la traditionnelle
partie de maraude.
Il
fallait cependant se méfier du garde plutôt sectaire. Cela se passe en 1918,
René à 12 ans, son frère André est d’un an son aîné.
La
famille Mallieux retournera à Liège en 1920.
André
décède en 1977. Quand à René, il s’éteint le 9 juin 1995 à l’age de 88 ans, à
Bruxelles où il habitait.
Peu
de temps avant sa mort, cet homme affable, modeste et pourvu d’une mémoire
admirable, m’avait confié, « en 18 à Tilff ce n’était pas réellement de
l’escalade » chapeau quand même Monsieur Mallieux, la suite nous a prouvé que
vous saviez grimper.
Il
faudra attendre 1954 pour voir arriver à Sainte-Anne, une autre figure de proue
de l’escalade liégeoise : André CAPEL
avec lui les choses sérieuses vont commencer, il ouvre les Dièdres Couchés et Le
Grand Dièdre de St Anne ,la première voie de la dalle.
Puis
c’est au tour du Dièdre de la Grotte. Il s’attaque ensuite à L’Araignée au Plafond L’empreinte indélébile
des anciens.
Cette
dernière sera libérée 29 ans plus tard par Arnoul
T’KINT et cotée 7c.
La
dalle n’intéresse pas Capel, il déclare ; « gravir ce miroir nécessiterais un
gollot tout les mètres cinquante, ce qui en ferais une escalade artificielle
monotone ».
Bien
sûr, André n’en reste pas là, il continue son périple en ouvrant de nombreuses
voies dans les divers massifs de la vallée de l’Ourthe.
Il
nous quitte définitivement en 1963 au Piz Badile,3308 mètres dans les Alpes, à
la frontière italo-suisse.
En
1963, dans les principaux massifs Wallon, bon nombres de voies sont ouvertes,
ou du moins les classiques.
Faut
t’il rappeler que c’est en 1926 que les premiers grimpeurs débarquent aux
rochers de Dave et d’Yvoir, en 1929 aux Grands Malades et qu’en 1930 Xavier de GRUNNE ouvre le premier itinéraire à
Freyr, qu’à la même époque Roi Albert 1er et X.
de Grunne gravissent la Cathédrale à Sy, tandis que Camille FONTAINE s’octroie la Voie Normale.
Paradoxalement,
la dalle de Tilff reste vierge, il faudra attendre 1963 pour que trois jeunes
grimpeurs liégeois décident enfin de s'attaquer a cet « épouvantail » ils se
nomment Jacky DELDERENNE, Jean-Claude JEROME et
Paul MOÏSE.
Chaussés
de « Rigides » ils ouvrent en mixte la première voie de la dalle : La Directe,
suivie de La Germaine, Le Pilier Capel, etc…
En
mars 1965, Jacky réalisera la première en libre du
Pilier Capel, à une seule reprise il pose le pied sur un piton.
Cette performance lui vaudra les félicitations de Claudio
BARBIER ce monstre sacré est aujourd’hui encore considéré comme le
meilleur grimpeur belge de tous les temps.
Les
Italiens experts en la matière (contrairement au Club Alpin Belge) ne s’y étaient pas trompés et l’avaient
surnommé «
Il Maestro » suite à ces nombreux exploits effectués
notamment dans les Dolomites.
Citer
son impressionnant palmarès n’est pas le but de cette historique, on peut
néanmoins mentionner sa prouesse la plus légendaire et qui semble encore
aujourd’hui ressortir du domaine de l’impossible.
Le
24 août 1961, il fit en solitaire les ascensions des cinq faces du Lavaredo,
soit environ 2000 mètres d’escalade en huit heures et quarante minutes ( ou
quinze heures en tenant compte des descentes ), qui dit mieux…
Claudio
écrira à Jacky : « Cher Jacky, bravo pour le Pilier Capel, avec un clou ça doit
être vache " cela mé meuh " Barbier
adorait les jeux de mots. Lui aussi nous à quitté en se tuant « accidentellement » en nettoyant une voie aux
Rochers du Paradou à Yvoir.
PLUS sur "l'Accident"
Quiconque
a grimpé à Tilff connaît les grosses broches à anneaux que l’on retrouve un peu
partout dans le massif, ces amarrages furent forgés et placés en 1963 par un
sympathique personnage Gaston LEHIME.
Gaston grimpait rarement ; à ses heures, il se transformait en
spéléo-photographe.
Ce
forgeron amoureux du site, avait l’intention de tendre un câble pour effectuer
une tyrolienne, allant du sommet de l’Anticlinal, pour rejoindre le sommet des
Dièdres Couchés.
Lui
aussi nous à quitté, et malheureusement son projet ne se réalisa pas.
Merci quand même Gaston, tes broches sont toujours très utiles
Jean Claude Vittoz.
Bibliographie:
Regards 16 - 1994
-Bulletin de l'Union Belge de Spéléologie- J-C Vittoz